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Pick up Production présente

Retour sur l’interview d’Amjad, une décennie plus tard

20 ans de Hip Opsession… on ouvre nos archives pour replonger dans les souvenirs avec ceux qui ont marqué l’histoire du festival.

Revenons sur l’interview d’Ajmad, speaker du battle Opsession depuis 2007, devenu l’une des figures emblématiques de l’événement. Retour sur ses confidences, aussi intemporelles qu’actuelles.

@littleshao

Interview réalisée en 2014, sur les 10 ans du festival Hip opsession

Depuis combien de temps es-tu speaker?

Le premier battle que j’ai « hosté », c’était en Espagne en 2005. J’étais venu pour faire partie du jury, mais finalement j’ai dû remplacer le speaker. Ça a dû plaire aux gens parce qu’on ne m’a plus jamais rappelé comme juré après ça… (rires). Ma première à Nantes, c’était deux ans plus tard, pour HIP Opsession 3. L’année du battle culte entre Mind 180 et All The Most/Top 9!

Depuis 2007, tu n’as raté qu’une seule édition. Pourquoi une telle fidélité à ce battle ? 

Parce que les organisateurs me rappellent, c’est eux qui sont fidèles ! J’accepte l’invitation car j’adore la ville, et que tout est très bien organisé. On se croirait presque en Suisse (rires] ! C’est le nec plus ultra.

Le seul petit point faible de ce battle, c’est qu’il n’y a ni l’esprit ni la place pour les cercles, hors compétition. La soirée « warm up » de la veille est parfaite pour ça, mais les danseurs préfèrent se préserver. Je leur dis toujours qu’ils ratent le meilleur, ils me répondent qu’ils veulent être frais pour le battle du lendemain. Et au final, quand je rentre à l’hôtel, je les vois discuter dans les couloirs jusqu’à très tard…

@littleshao

@clack

C’est assez impressionnant de voir les bboys danser directement sur le béton du lieu unique. Est-ce dangereux ?

Non. En terme de feeling, c’est même idéal. Mieux vaut danser sur des vrais sols que sur des sols surélevés, par exemple. Sur le béton, au moins, on n’a pas peur de dépasser.

Comment se comporte le public du lieu unique par rapport à celui d’autres battles ?

C’est un public chaleureux, Monsieur et Madame Tout-le- monde. Un public qui vient voir un spectacle, et qui n’hésite pas à siffler quand son chouchou est éliminé par le jury. Alors je me fais un plaisir de le rappeler tous les ans: on ne siffle pas le jury! Ce sont des pros, certains ont quinze ans de breakdance derrière eux. Quand on boit du coca, on ne critique pas l’onologue (rires).

Comment a évolué le breakdance depuis 10 ans ? 

L’une des tendances fortes, c’est le fait que les danseurs se focalisent de plus en plus sur des mouvements spectaculaires en laissant un peu de côté la spontanéité. Ils savent déjà ce qu’ils vont faire avant de commencer à danser et se laissent moins guider par la musique. La danse est un art qui devient du sport. Je n’ai rien contre le fait que les bboys soient des acrobates, mais je trouve dommage qu’ils abandonnent ce feeling.

L’engouement pour le break est de plus en plus fort. On en voit partout ! Est-ce un danger pour les valeurs que cette discipline a su conserver depuis ses débuts ?

Le contraire serait dangereux aussi. Une discipline que personne ne voit, ça disparaît. Le fait que les danseurs participent à des clips, des spectacles et des battles un peu partout dans le monde, et qu’ils gagnent de l’argent, c’est donc positif.

Il faut simplement savoir rester vrai. Les organisateurs d’événements ont un rôle majeur à jouer là-dedans: ils doivent inviter le public à entrer dans notre monde, pas l’inverse. Si tu améliores le spectacle mais que tu dénatures les valeurs du break, tu ne vas pas dans le bon sens. Un sol lumineux par exemple, pourquoi pas. Mais il ne faut pas que ça gène les danseurs… Quand tu modifies ton univers pour t’adapter au public, tu perds forcément tes valeurs.

« INVITER LE PUBLIC À ENTRER DANS NOTRE MONDE, PAS L’INVERSE »

Nombre de danseurs, nombre de passages, sol, jury… Les règles et le contexte ne sont jamais les mêmes selon les battles. Pourquoi n’existe-il pas de championnat du monde « officiel » de breakdance, avec des règles fixes ?

Parce que la danse, c’est comme la peinture: c’est de l’art. Un championnat d’art, ce n’est pas possible. C’est compliqué de comparer deux tableaux, le jugement est subjectif et très complexe. Beaucoup de gens ont des visions différentes de la danse, c’est aux organisateurs d’événements de choisir ce qu’ils veulent mettre en avant.

Les danseurs français gagnent rarement ici. Où en sont-ils sur le plan mondial ?

Techniquement, les français sont hyper forts. Peut-être les meilleurs au monde. D’ailleurs, ils brillent souvent dans les battles internationaux. Il existe tellement de groupes et de crews de danseurs en France qu’ils ont créé leur propre univers, leur propre style. Mais les juges qui viennent sur le Battle OPsession sont toujours très connaisseurs et possèdent sans doute une autre vision de la danse.